Le Fokonolona rénové et la "dette" odieuse

Le Fokonolona rénové déclenchera un développement spécifiquement malgache des Malgaches.

(Le présent message est envoyé à mes 900 correspondants électroniques qui, s'ils le désirent, peuvent le diffuser autour d'eux et en réseaux).

 

Bonjour Bekoto

(Bekoto est un sociologue Malgache nationalement célèbre pour ses œuvres concrètes à Madagascar)

 

Tu me poses trois questions clés, Bekoto : la Dette, quel modèle de développement, pourrions-nous nous passer d'un État ?

 

Notre projet, exposé sur le site www.fokonolona-renove.org, répond déjà à ces questions, brièvement certes. Il est évident que nous ne pouvons qu'être courts sur un tel site, ce qui engendre beaucoup d'imprécisions. Il faudrait des pages et des pages pour te répondre correctement, mais je vais essayer à la fois d'abréger et d'être clair.

 

Je commence par ta dernière question, dans ton PS : ne faudrait-il pas un État malgache avec notre Fokonolona rénové ? - Dans l'état actuel de la planète humaine où règne encore fortement la loi des prédateurs les plus forts, bien sûr que oui, Bekoto. Julien (Dadazily) t'a déjà donné la réponse : ce sera la République des fokonolona. Une ébauche en a été faite dans notre lettre ouverte n°1 du 27 février 2009, que tu peux retrouver sur notre site / rubrique Le Fokonolona Rénové. Mais cet État sera horizontal. Pourquoi et comment ?

 

Cette notion d'horizontalité sociétale et sociale est très importante en ce tournant du début du XXIème siècle de l'histoire de l'humanité. Nous en reparlerons certainement très souvent.

 

Car tout être humain, homme et femme, est né avec cent milliards de neurones (certains s'exclameront : "Et re-voilà Joseph qui recommence !", mais tant pis s'il faut le répéter mille fois pour bien l'ancrer dans les têtes). Ce qui lui donne une mémoire mentale inépuisable et des souvenirs ineffaçables et cumulatifs toute sa vie. Ce n'est pas le cas des bêtes même les plus intelligentes. Conséquences sociologiques : un être humain est capable de se soumettre à un plus "puissant" que lui pendant quelque temps, mais jamais d'une manière indéfinie. Tous les conflits sociaux SANS EXCEPTION, petits ou grands, armés ou non, entre individus humains, entre peuples ou entre États, viennent de cette propriété biologique du mental humain.

 

Une société horizontale est la seule qui convienne à l'espèce humaine. Et tout être humain adulte en est parfaitement capable.

 

Mais pour couper court au discours, ceux et celles qui sont au sommet des pyramides (appelées aussi hiérarchies) sociétales et/ou qui bénéficient économiquement et socialement du système pyramidal en cours nous rétorquent que l'horizontalité sociétale est une utopie. Et malheureusement, tous ceux et celles qui, ignorant-e-s et maintenu-e-s dans l'ignorance par le système pyramidal, et beaucoup plus nombreux que les premiers, ne peuvent pas concevoir dans leur tête ce qu'est une société horizontale. Ils et elles tombent également dans le même panneau fataliste ou défaitiste et taxent d'utopie irréalisable toute idée d'horizontalité sociale et sociétale. Or, je le répéterai toujours, c'est la seule société conforme aux ultra-puissantes capacités mentales de chacun et de chacune de nous.

 

Le Fokonolona rénové constituera pour le peuple malgache l'outil de sa souveraineté de décisions pour s'exprimer légalement, pour s'auto-secourir et pour s'auto-développer humainement. S'il tiendra à garder ce pouvoir souverain, il ne pourra plus déléguer son pouvoir à des individus ou à des groupes d'individus. Car ceux-ci sont très fragiles devant les appâts de corruption des puissants prédateurs néolibéraux actuels. Chaque fokonolona gérera directement ses affaires propres, co-gérera les affaires communes entre fokonolona voisins, ou enverra un-e ou des technicien-ne-s pour des MISSIONS précises entre des fokonolona plus nombreux, ou entre l'ensemble des fokonolona de la République, ou pour la représentation de la République malgache sur la scène internationale ou mondiale. Et ce n'est absolument pas une utopie. Un petit exemple : la Sécurité sociale française est une facette importante de l'horizontalisation sociale sur le sol français dans le domaine de la maladie, de l'enfance et de la retraite ; elle n'existait jamais dans l'antiquité, c'était une utopie ; et les Français ont bien pu la créer en France en 1945-47.

Il y aura donc un État malgache des fokonolona, mais horizontal.

 

 

Modèle de développement. Tu as déjà amorcé la réponse : aucun modèle ne correspond aux réalités historiques, culturelles malgaches et aux potentiels économiques de Madagascar.

Globalement, en se basant toujours sur les extraordinaires capacités mentales humaines, deux types de développement se présentent : un développement pyramidal, et un développement horizontal (tous ensemble).

Souviens-toi, Bekoto, d'un grand leader malgache, aujourd'hui disparu, qui a fondé sa politique économique sur le pyramidalisme (sans employer le mot). Il a dit à peu près ceci : "Aidez-moi à m'enrichir, et je deviendrai une locomotive pour vous entraîner tous vers l'aisance générale." Sans aucune intention de le dénigrer - ce très brave homme -, force est de constater qu'il a amassé effectivement une fortune disons énorme. Mais le peuple, lui, continue son petit chemin de glissement vers une pauvreté abyssale. C'est dire que les modèles d'entreprises pyramidales engendrent TOUJOURS des conflits sociaux interminables (à cause ou grâce aux cent milliards de neurones dans chaque crâne) et ne peuvent mener, par l'application obligatoire de la loi du plus fort, qu'à l'enrichissement illimité de quelques familles et à l'appauvrissement du reste de la population. C'est mathématique.

Grâce justement à ces puissantes capacités mentales de chacun et de chacune, grâce aux socles de connaissances environnementales, de cultures malgaches authentiques et de savoir-faire acquis par chaque Malgache majeur-e (c'est-à-dire chaque Malgache ayant pu vivre ou survivre d'une manière autonome dans son milieu même très dur), et grâce à la répétition incessante de la triple action "miara-mitady, miara-manapaka, miara-mandroso" (chercher ensemble, décider ensemble, progresser ensemble), dans une intelligence collective d'essais, de succès ou échecs, de leçons et de réajustement toujours collectif, un développement unique au monde s'en sortira forcément, un développement innovant, un développement à la malgache de l'homme et de la femme malgaches.

Ce développement sera donc horizontal et spécifiquement malgache. Il n'est pas du tout utopique, sa réalisation ne dépend que de nous tous et toutes. Je peux même certifier que toute autre voie sera vouée à l'échec pour les 80% appauvris de la population.

 

 

La Dette. Ici, je ne serai pas long, hé-hé ! Car le Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM) dont Eric Toussain et Damien Millet sont respectivement les présidents en Belgique et en France, dispose de plusieurs sites Internet très explicatifs. Il la qualifie de dette "odieuse", en donne les raisons historiques néocolonialistes et avance des solutions alternatives possibles.

Tous les contrats qui concernent la "dette" publique extérieure des pays du Tiers monde sont des contrats verticaux de A à Z. C'est-à-dire des contrats entre puissants et faibles, aussi bien dans les attributions des crédits, leurs affectations que dans la fixation de leurs taux d'intérêts. Nous voyons bien à Madagascar une triple action néocoloniale : maintenir une "dette" très forte par rapport à la capacité productive du pays, imposer des plans d'ajustement structurel néocolonial qui cassent encore davantage la capacité productive des Malgaches, et le tout en corrompant tous les dirigeants et décideurs malgaches pour signer et appliquer ces contrats odieux.

Il faut savoir que les appâts de la haute corruption néolibérale pour maintenir ainsi la domination néocoloniale se comptent par milliards d'euros ou de dollars. Aucune personnalité malgache, aucun groupement politique malgache, ne peut et ne pourra y résister. Et ce n'est pas étonnant si des Malgaches se déchirent entre clans pour avoir les places !!!

Une seule force peut annuler la "dette" odieuse malgache : le peuple malgache lui-même. Mais à la seule condition qu'il soit organisé et équipé d'un outil de réflexion et de décision souveraine collectives. Et c'est par le projet Fokonolona rénové qu'il pourra se l'offrir. Le Fokonolona rénové (ou République des fokonolona) aura alors entre autres procédures trois solutions pacifiques et légales possibles :

1 - Dire tout simplement que le peuple malgache a largement remboursé la dette : on refera alors clairement les comptes, d'égal à égal avec des taux d'intérêts tout simplement corrects depuis le début jusqu'à ce jour ; et je suis certain qu'on nous devrait plutôt de l'argent, beaucoup d'argent.

2 - Ou : étant donné que tous les contrats concernant cette "dette" ont été faits entre puissants et faibles, l'État malgache peut (et la République des fokonolona pourra) demander l'arrêt de ce massacre, voire obtenir des dommages et intérêts, auprès du Tribunal pénal international.

3 - Ou plus modestement : imposer une moratoire de remboursement de la "dette" pendant un nombre suffisant d'années pour que nous puissions développer la capacité économique malgache. Re-soulignons que Madagascar est un pays très très très riche. Et comme insiste notre jeune géologue Brice Randrianasolo, il y en a VRAIMENT pour tout le monde, à la seule condition que tout le monde sans exception ait l'esprit partageur (horizontaliste) et responsable de l'environnement. Alors, un jour, nous serons absolument aptes à rembourser la "dette" et tous les intérêts cumulés de la "dette".

Mais je répète : la République des fokonolona sera la seule et unique puissance capable de proposer et/ou d'imposer l'une de ces trois solutions.

 

Bien à toi, Bekoto.

 

Joseph

(l'infatiguable militant du toi-ET-moi horizontal, solidaire et universel pour vivre bien ensemble à Madagascar et partout sur notre planète commune)

Le message de Bekoto :

 

 

Salama Raharijesy
Le cercle de réflexion que tu alimentes a parfois une de ces hauteurs qui intéressent. Merci.
Juste te dire et vous dire à tous que le fond du problème malgache n'est-il pas abordable à travers 2 point ?
1Dette
2 Modèle de Développement

 

1 DETTE
11 Les dettes contractées depuis l'Indépendance ne sont pas encore remboursées... Et c'est maintenant que je sais moi même ici (à Paris) que le budget de l'État malgache dépend toujours à 70% des aides et perfusions internationales.
12 MODELE
Le mimétisme Institutionnel ( Faire comme le modèle des pays riches et analyser la situation comme l'Occident) a maintenant des limites car "nul modèle ne peut être extrapolé" ...Faire à la Malgache est une ambition exaltante et difficile.
DONC ?
Théorie/Pratique : On continue encore ton cercle Joseph....
tôt ou tard notre "politique" aura besoin de moyens techniques, théoriques, financiers etc...
Namana
Bekoto
PS : Comment nous arriverions à vivre sans un Etat à Madagascar ???? C'est une piste de réflexion pratique aussi ...Car depuis des mois ...il n'y a plus d'Etat...plus exactement...il y a des Etats.

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