NOUS SOMMES DES PEUPLES SOUVERAINS !

Michel PEYRET 18 Février 2009 (larges extraits)

 

Le 26 avril 2005 je faisais savoir que j'émettrais un double NON au référendum qui allait suivre :

 

- Un NON au projet de constitution qui était soumis à référendum.


- Un NON à tout autre projet de constitution qui viserait à consacrer une construction étatique européenne.

 

Je montrais que ce double NON s'inscrivait dans la suite et la logique des votes précédents du peuple français et des peuples européens notamment à l'occasion des élections au Parlement européen du 13 juillet 2004. Ce jour-là, en donnant une majorité absolue à l'abstention les peuples européens votant "avec les pieds" avaient récusé tout projet de poursuite de construction d'un Etat européen.

 

De fait, en mai 2005, le peuple français, pour sa part, confirmait par un NON majoritaire, son taux d'abstention de 2004 et son refus de toute construction européenne. En effet, le traité récusé se revendiquait de l'ensemble des traités intervenus depuis le Traité de Rome inclus qui, dès lors, étaient refusés !

 

Quelques rares observateurs soulignèrent bien que telle était effectivement la signification du choix souverain du peuple français.

 

Mais dès lors, la quasi-totalité des forces politiques françaises s'efforcèrent de convoquer tous les artificiers institutionnels pour remettre en cause ce choix pourtant irrévocable !

 

D'autres osèrent même proposer un autre référendum qui aurait pu permettre aux Français de se déjuger. Mais c'est à Versailles que la majorité des sénateurs et députés exécutèrent le viol !

 

Et, à nouveau, en se préparant à procéder à l'élection du Parlement européen, pièce maîtresse de l'Etat européen qui n'existe plus pour la majorité des Français, on se veut perpétuer le viol !

 

C'est pourquoi je reproduis ci-dessous mon article du 26 avril 2005.

 

ELECTIONS EUROPEENNES DU 13 JUIN 2OO4

 

Pays et taux d'abstention:

 

Allemagne...................56,97 %
Autriche......................58,19 %
Belgique.....................9,19 % vote obligatoire
Chypre...................... 28,81%
Danemark...................52,15 %
Espagne.....................54,06 %
Estonie.......................73,30%
Finlande......................58,90 %
France........................57,21 %
Grèce........................36,84 %
Hongrie......................61,53 %
Irlande.......................39,00 %
Italie.........................26,90%
Lettonie.....................non donné
Lituanie....................environ 60%
Luxembourg..............10 %
Malte.......................18 %
Pays-Bas.................plus de 60%
Pologne....................8O%
Portugal....................61,26 %
Royaume-Uni.............62%
Slovaquie...................84,04%
Slovénie....................71,66%
République-tchèque....71,68%
Moyenne U.E.(à25).....55,80%

 

NOUS SOMMES LES PEUPLES D'EUROPE !

 

"Nous sommes le peuple" . Cette affirmation des citoyens de l'ex-RDA, qui consacrait la disparition du mur, est-elle si lointaine qu'elle appartiendrait à une époque révolue ?

 

De nouveau, les peuples devraient s'effacer, gommer la diversité de leurs cultures et de leurs histoires, laisser leur souveraineté à des pouvoirs étatiques supra-nationaux, et marcher au même pas qui , pour n'être pas celui de l'oie, aurait quand même quelque chose d'uniformisant et de banalisant !

 

Décidément, les élites dirigeantes de tous les pays sont bien aveugles et sourdes pour n'avoir pas perçu le message que les peuples d'Europe leur ont délivré à l'occasion des élections au Parlement européen en juin dernier. Le caractère massif et géneralisé de l'abstention ne pouvait pourtant échapper à quiconque portait intérêt à l'expression des peuples et cherchait à pénétrer la signification.

 

Il ne pouvait leur échapper que, trés majoritairement, voire trés massivement, les peuples avaient, ce jour-là, émis un jugement sans appel, un immence rejet de la construction européenne telle qu'elle s'était constituée jusqu'alors.

 

Las, plutôt que tirer enseignement du message et remettre l'ouvrage sur le métier, elles décidèrent, non point de l'ignorer, mais d'essayer au contraire de prendre les peuples de vitesse, de leur passer la camisole constitutionnelle imposant les fondements d'un Etat européen, confédéral pour les uns, fédéralpour les autres, mais dans tous les cas, super-Etat, encore plus coercitif, plus éloigné des citoyens et des peuples, pour mieux leur imposer ses dominations, ses pouvoirs, ses hégémonies, celles du systeme capitaliste, que d'aucuns, je ne sais pourquoi, préfèrent qualifier de libéral.

 

Les choses se compliquèrent toutefois quans le NON au projet contitutionnel s'annonça majoritaire dans les sondages et bientôt s'y confirma.

 

Réfléchir à une alternative devint indispensable car le questionnement à ce sujet s'affirma dominant.

 

Pour certains les choses étaient simples, sinon simplistes : le projet constitutionnel n'était pas acceptable, il fallait le modififer pour qu'il le devienne, remplacer les logiques libérales capitalistes qui en sont le fondement par des logiques progressistes .. Bref, élaborer un nouveau projet constitutionnel .. et ainsi poursuivre la construction d'un super-état européen, lequel, bien évidemment, serait bien plus démocratique..

 

Mais était-ce bien le message de l'absention majoritaire des élections de juin 2004 ? Quelles étaient les motivations principales du rejet qui s'y est exprimé ?

 

L'examen de l'abstention met en évidence l'existence de deux groupes de pays :

 

- l'un où l'abstention est située entre 50 et + de 60%, comme : France : 57,21 % ; l'Allemagne : 56,97% ; Autriche : 58,19 % ; Espagne : 54,06 % ; Pays Bas : plus de 60% ; Portugal : 61,26 % ; Royaume Uni : 62%...

 

- l'autre où l'abstention est supérieure à 70% et peut dépasser les 80% : Estonie : 73,3% ; Pologne : 80 % ; Slovaquie : 84,04% ; Slovénie : 71,66% ; République tchèque : 71,68%..

 

Cette différence, dans le rejet commun, entre un groupe de pays de l'Est et un groupe de pays de l'Ouest, ne peut être sans signifiquation. Peut-être est-ce l'expression des espérances frustrées à l'Est, comme le pense Catherine Samary dans le Monde Dipolomatique de ce mois ?

 

Toujours est-il que s'expriment de fortes inquiétudes quant à des pertes d'identité qui résulteraient de la poursuite du processus de construction européenne...

 

...Le peuple de France, les peuples d'Europe, ont de longues patiences. ils peuvent aussi avoir de brusques colères. Desconstructions contraintes, des organisations forccées, n'ont tenu que le temps compté de peu de décennies.Certaines se sont terminnées par des tragédies, dans l'expression violente, exacerbée, des nationalistes fascisants. Les peuples n'aiment pas être violés Aucun n'a renoncé longtemps à être souverain, voire à partager ou à déléguer des parts de souveraineté.

 

La crise actuelle de l'Erope n'est-elle pas celle décrite ci dessus ? Alors , faut-il pousser les feux ?

 

Car, si les peuples d'Europe ont tout à redouter d'une intégration étatique supra-nationale, ils ont a contrario des expériences positives de coopérations en tous domaines.

 

Dans ces coopérations multiples et à la carte peut résider l'avenir d'une Europe des peuples, d'une Union des peuples d'Europe, s'intégrant d'ailleurs dans de vastes coopérations mondiales.

 

C'est sur les formes que pourront prendre ces coopérations multiples qu'il convient maintenant d'engager le débat avec tous et chacun d'entre-eux.

 

Pour ma part, et pour préserver toutes ces possibilités, j'émets un double NON, un Non à ce projet de contitution et un Non à tout autre projet de constitution ou traité qui viserait à consacrer une construction étatique européenne.

 

Michel Peyret, 26 avril 2005

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